Qu’est-ce que vous faites ce soir ?

Ah, je vous sens arriver, en écrivant ça, tellement le sous-entendu est important dans cette question. Moi, draguer ? Surtout pas… Non, je ne drague pas ici, je ne sais déjà pas faire en France en langue française, alors ce n’est pas ici que je vais apprendre, dans une langue que je ne parle pas fluidement. En revanche, je sors beaucoup… et il n’y a pas besoin de sortir tard le soir aux US pour qu’on vous parle de soirée; à partir de cinq heures de l’après-midi, vous pouvez dire « tonight ».

Lorsque les journées sont finies, il faut donc occuper les soirées. Certaines choses sont récurrentes -il faut de temps en temps remplir les placards…- mais d’autres bien plus événementielles. En voici quelques exemples.

Et le rideau sur l’écran est tombé

Vous décelez l’amateur de variétés françaises qui a beaucoup écouté Eddy Mitchell et sa chanson « La dernière séance ». Nagui y est pour quelque chose, au passage… Oui, le cinéma est une activité très appréciée des Américains. Les salles ne sont pas combles pour autant, bien que chaque mardi, vous puissiez bénéficier de tarifs réduits dans certains cinémas de Fort Collins. Avec certains autres membres de mon équipe de recherche, nous y sommes allés deux fois en quinze jours d’intervalle. La première, pour voir « It » (Ça) -un film d’horreur-, la seconde, pour voir « Blade Runner 2049 ».

Bon, je ne vais pas vous mentir, le cinéma aux USA, c’est comme le cinéma en France. Une demi-heure de pub avant le film, des gens mangeant du popcorn ou sirotant une boisson… je comprends mieux que jamais ici pourquoi je ne fréquente pas les salles de l’Hexagone.

Mais précisons un peu. C’est comme chez nous, vraiment? Déjà, les films sont en anglais non sous-titré (ce qui est normal dans un pays anglo-saxon), mais je reconnais que certaines voix amplifiées par des haut-parleurs surpuissants sont parfois très difficiles à comprendre. Dans « It », le coeur de l’aventure est joué par des enfants, qui parlent si vite que je ne comprenais qu’un mot sur deux… Aussi, une autre différence réside dans ce qui vous est proposé à manger. En France, vous avez du pop-corn, et c’est tout. Ici, bon sang, mais quel choix ! De burgers (aux haricots rouges) à poulet frit, c’est tout un pan de fast-foods qui vous sont proposés lorsque vous commandez. Et on vous sert à votre place, s’il vous plaît !

Les fauteuils de cinéma américains sont si larges que vous divisez la capacité d’une salle française par deux, à surface équivalente. Aussi, vous disposez d’un repose-pieds dépliable sur chaque siège, qui vous permet de regarder le film en position semi-allongée. Comme sur votre canapé !

Homecoming week ?

Cette semaine, les anciens de l’université étaient de retour. J’ai l’impression que ni en France, ni à l’EPFL, ce genre de choses ne se fait… Des activités sont proposées tout au long de la semaine aux anciens élèves comme aux actuels, et bien entendu aux chers parents qui viennent -parfois de loin- rendre visite à leur progéniture qui travaille ou a travaillé dur ici.

Pendant la semaine, les activités étaient sportives, avec du volley, du football français, du football américain (hier, samedi), mais aussi dînatoires, festives avec un spectacle humoristique donné vendredi. Je ne vais pas vous dresser la liste complète des festivités proposées, mais il y avait de quoi faire. D’ailleurs, nous sommes dimanche 15 octobre, et ce soir, les étudiants Indiens proposent l' »India Nite »; ce sera l’occasion de voir d’autres traditions -que certains ici connaissent bien mieux que moi !! Il y aura des performances artistiques, et culinaires également.

Une tradition chez les Américains, c’est de défiler. J’ai pu voir deux défilés : l’un vendredi, l’autre samedi. Le premier d’entre eux était le fait d’associations et organisations diverses et variées, comme les clubs sportifs, les fraternités et sororités, la police, les Républicains, la bière sponsor de l’événement ou encore les cavaliers. Le second était plus formel : il s’agissait de la fanfare de l’université. Et quelle fanfare ! Quand l’ENS Rennes se bat, franc après franc, pour obtenir un soubassophone, l’université dispose de dizaines d’entre eux… De très belles filles jouent les porte-drapeaux et les musiciens jouent, ma foi, fort bien. Ce fut un plaisir que d’assister à ces défilés; c’est une fierté pour les Américains que d’avoir fréquenté une université, et ils le font savoir !

Mesdames et messieurs, la fanfare de CSU !

Brassage

Une activité plus classiquement appréciée des français est le bistrot. Après le travail, une petite bière n’a jamais tué personne, quoique ici, on craint que ça ne soit le cas si vous n’avez pas 21 ans. En France, si vous avez l’air d’avoir 18 ans (voire 16), on vous sert votre bière sans rechigner. Je n’ai d’ailleurs pas souvenir d’avoir été embêté en terrasse en commandant une bière en France… Ici, vous devez avoir l’air d’avoir 50 ans pour qu’on ne vous contrôle pas. Je suis sérieux : des écriteaux le mentionnent explicitement !

Il est donc de bon ton d’avoir sur soi une carte d’identité américaine, facile à lire, écrite en anglais. Celle-ci est constituée par mon permis de conduire. L’État du Colorado refuse de donner une carte d’identité à quiconque dispose d’un permis de conduire, et réciproquement. Vous avez ou l’un, ou l’autre. À savoir que depuis 2014, ces papiers peuvent être obtenus par une personne présente illégalement sur le territoire du Colorado. Pour cette raison, en tant que nonimmigrant au Colorado, je n’ai pas le droit à un permis dit « Real ID ». J’ai le même permis que quelqu’un illégalement présent sur le territoire, floqué de la mention « Not valid for federal identification purposes ». Contrairement à d’autres États, mon permis ne constitue pas une justification de ma présence régulière sur le territoire américain, et je dois donc garder mes papiers français en permanence sur moi.

Revenons au bar. Ou plutôt, à la brasserie. Car oui, les brasseurs vendent directement leur bière, et vous pouvez même aller visiter l’espace où sont fabriquées les bières ! Les deux brasseurs majeurs de Fort Collins sont le New Belgium et Odell’s. J’ai essayé les deux, et ai passé un bon moment à chaque brasserie. D’ailleurs, à Odell’s, assis à une table, j’ai été rejoint par des américains fort sympathiques, connaissant la France; et monsieur était concessionnaire automobile… J’ai donc sa carte, je n’attends que le salaire de l’université pour lui rendre visite !

Une chose particulière dans les brasseries est que vous pouvez essayer les bières. Vous commandez un « flight » (vol), et l’on vous sert une petite quantité de chaque. Décision prise, vous commandez une pinte de celle qui vous plaît ! Il n’y a pas de demis ici, la plus petite taille est la pinte. Et les volumes sont exprimés en onces fluides : vingt onces fluides constituent un demi-litre, attention à ne pas avoir les yeux plus gros que le foie en prenant davantage !

Dans les brasseries, bondées le week-end, sont parfois proposés des petits concerts par des groupes de rock locaux. Le jour où je suis allé au Odell’s, c’était un groupe de Denver qui se produisait. Le rock local est très agréable à écouter !

On joue du rock à Fort Collins !

Où est Charlie ?

Si vous ignoriez encore mon goût pour cette substance, apprenez-le là. Elle est légale, de couleur marron à noire, a un goût parfois sucré, parfois amer, se marie bien au café, fait de bons desserts… oui, Charlie est à la chocolaterie ! Il n’est pas aussi dur à trouver que le Charlie que vous cherchez dans les albums auxquels mon titre faisait référence.

Il y a un endroit dans Fort Collins, nommé The Chocolate Cafe, où l’on vous sert quasi-exclusivement des desserts chocolatés. Il y a quelques salades et bruschettas, mais une sélection vraiment réduite. Et puis, à boire, on vous propose des Martinis… au chocolat !

Nous sommes allés -trois thésards de l’équipe et votre serviteur- à cette fabrique à desserts. Et nous nous sommes régalés d’un plateau partagé composé de multiples desserts, chacun plus goûteux que l’autre ! Ce fut un régal, je vous recommande fortement si vous passez par Fort Collins de vous rendre à cet établissement. Pour vous donner envie, voici le plateau auquel nous avons eu droit.

C’est une portion individuelle, hein ?

Dans la même veine, à Fort Collins, on trouve de nombreux restaurants spécialisés : thaï, indien, chinois sont certes de la partie, mais il y a aussi des spécialistes du barbecue et du steak. L’un d’entre eux se trouve à côté de chez moi, et je peux vous dire que les quantités que l’on vous y sert permettent de manger à deux !

Football

Ce dimanche, c’était jour de foot. Depuis quatre semaines, une personne que j’ai rencontré à la cantine de l’université -Rachel- me propose d’aller jouer au foot français. Oui, parce que je suis français, je dois savoir jouer… Bon, je lui ai expliqué que mes talents de footballeur étaient équivalents à ceux d’un manchot, mais qu’à cela ne tienne, on joue pour le plaisir. Quatre semaines durant, les matchs ont été annulés; la faute à la météo. Et ce dimanche, enfin ! Il y a eu match.

Les matchs se déroulent à Loveland (CO), une ville au sud de Fort Collins. Le terrain est ce qu’il est : de la vraie herbe, un terrain pas tout à fait plan, pas de vestiaire, pas de douche. Juste un parking, un terrain, deux cages de but. On apporte donc ses ballons, un arbitre vient, on s’échauffe, on tire dans les cages. C’est classique… Et le match commence. Comme certains joueurs, les deux nouveaux venus, mon collègue italien et moi-même, ne sommes pas envoyés de suite dans le match (il y avait déjà onze joueurs par équipe). Au bénéfice de changements, certains pourront aller jouer.

Quatorzième minute, mon équipe encaisse un but. Quinzième minute, une faute est commise par un joueur de mon équipe, proche du gardien adverse. Ce n’était jamais qu’un mauvais tacle. Le gardien, alors saisi du ballon, râle contre le fautif qui n’a pas été vu et jette le ballon à terre. L’arbitre, voyant le geste, siffle contre le gardien et lui adresse directement un carton rouge. Une protestation éclate, une fille de mon équipe quitte le terrain en sanglots (j’ai appris après coup que son frère était le gardien en question). Le match s’arrête là, les équipes et arbitres quittent le terrain. Si je vous avais dit que ce match s’était déroulé à Marseille, vous m’auriez cru ? Voilà le bel esprit footballistique à l’européenne. Mais il est là, aussi, aux USA…

Et voilà donc le match terminé… et je n’ai pas mis un pied sur le terrain ! Rachel convainc certains de rester pour que ceux qui n’ont pas joué puissent toucher le ballon. Nous faisons donc un match plus amical, interne à l’équipe, sur une moitié de terrain. Ça me suffit, je n’en demande pas plus ! Surtout si c’est pour briller comme j’ai brillé, avec mes passes aux adversaires (au sein d’une même équipe, tout le monde a la même couleur de maillot), et contrôles ratés. Je n’ai jamais joué en club, c’est donc excusable… mais j’y ai pris du plaisir. Et j’ai inventé le contrôle du nez ! En effet, alors que je tentais de frapper de la tête, j’ai raté ma frappe et c’est mon énorme nez qui a absorbé le choc du ballon, le renvoyant en l’air, dévié. N’empêche-t-il que le ballon a quand même été reçu par le destinataire de la passe !

Treize heures trente, nous rentrons à Fort Collins. C’est l’occasion d’admirer les Montagnes Rocheuses que nous voyons fort bien depuis la route sur laquelle nous circulons.  Depuis le terrain, on les voyait aussi, enneigées…

Vous verrez peut-être les montagnes en arrière-plan des arbres aux feuilles jaunes -et des joueurs de foot !

Voilà, vous pouvez constater que malgré la routine qui s’installe, il y a encore fort à vous raconter !

Quand vient la fin de l’été….

Sur ce petit air musical que vous connaissez tous, voici l’automne qui pointe le bout de son nez ! Et ainsi, viennent le froid qui s’installe, les pulls qui sortent, les soupes… et puis Halloween, je vous en reparlerai car ici, on le fête !

En l’espace de cinq à six jours, finis les cafés au soleil dehors tant la climatisation du Lory Student Center était forte; finie aussi la bronzette le dimanche sur la terrasse en herbe du New Belgium’s… C’était l’été, tout ça ! Maintenant, on se réfugie à l’intérieur des bâtiments chauffés, et la température excessive de mon appartement n’est plus de trop.

Fait amusant, sur l’autoroute, dimanche dernier, on pouvait lire sur des écriteaux lumineux : « Winter is coming… Truckers, do you have chains ? » (soit « L’hiver arrive… Chauffeurs de camion, avez-vous des chaînes ? »). En lisant ça, je me suis dit qu’on était en septembre, et que c’était donc de la foutaise… Mais en fait pas tant que ça, pour deux raisons.

La première c’est que le froid arrive vite ici car on a un climat continental; il n’y a pas de mer pour servir de thermostat, pas de microclimat. Il y a en outre peu d’averses, ce qui explique le côté un peu « désert du Sahara » lorsque vous regardez les Rocheuses.

La seconde raison, c’est que Fort Collins est en altitude ! En voyant la hauteur des Rocheuses, et sachant que Fort Collins est en plaine, vous ne me croyez pas ? Et pourtant nous sommes à 1 525 m d’altitude. Et il y a de la neige l’hiver, beaucoup, et elle tient, selon les locaux… Peut-être pas autant qu’à Aspen (où je compte bien aller skier un week-end), mais il y aura de la neige. Et puis, l’altitude fait que l’oxygène est plus rare qu’en plaine, et que l’on s’épuise donc plus rapidement. En vélo, je le constate….

And now, introducing the national specialties of… France!

Ce n’est pas parce que j’ai quitté la France pour quelque temps que je dois en renier la gastronomie. Bien au contraire ! Aussi, je me suis rendu chez Trader Joe’s, un magasin que l’on dirait ressembler aux Biocoop que l’on trouve en France (et peut être même en Suisse). Yeux fermés sur le porte-monnaie, j’y achète des légumes -qui, entre nous soit dit, sont déjà très chers lorsque non-bio, alors lorsqu’ils sont bio…. -, une baguette (qui avait l’air bien faite), du Roquefort et du Comté (demi-vieux, 6 mois d’affinage minimum). Oui, le Roquefort, l’interdit, le banni, l’objet de l’embargo ! On en trouve maintenant aux US. Me voilà donc reparti le panier plein de bons produits à cuisiner.

Roquefort, Comté et baguette. Feel French?

Soumettons au banc de test nos deux fromages ainsi que notre baguette. Déjà, commençons par le prix d’achat. J’ai payé sensiblement le même prix pour le Roquefort et le Comté, respectivement USD 5.50 et 5.82 pour une demi-livre, chacun étant vendu USD 11.– la livre.

Euh, ça fait combien en francs tout ça ?

Avec une petite règle de trois, on en déduit que ça fait USD 24,22 le kilo, soit (au jour où j’écris ce billet avec un taux de 1,025 USD/CHF ou 1.1734 USD/EUR) CHF 23,61, ou 20.64€ le kilo (autant pour les deux fromages puisqu’ils ont le même prix de vente au poids).

Concernant le Comté, je prends pour référence les prix à la fruitière de Pierrefontaine-les-Varans (Doubs), qui affichent 11.00€ le kilo, ce qui fait que le comté est vendu environ deux fois plus cher aux US qu’à la fruitière en direct.

Concernant le Roquefort, ma référence est prise sur ce site, si vous avez mieux -et je sais que c’est le cas- n’hésitez pas à me donner vos prix pour affiner mon estimation. J’ai donc 25,88€ le kilo de roquefort, ce qui fait qu’il est vendu… moins cher qu’en France !

Passons maintenant au goût. J’ai trouvé le Comté trop laiteux. 6 mois d’affinage, c’est du Comté de supermarché. Ça ne suffit pas ! Il aurait mieux valu que Trader Joe’s prenne du Comté plus vieux (dit plus fruité).  À la rigueur, on peut le mettre dans une fondue au Comté ou en dés dans une salade de tomates, pour ces usages-là je le pense parfait. Pour déguster, moyennement… On ne peut toutefois pas enlever à ce Comté que l’on sent que c’est du Comté, et pas un fromage sans goût comme le cheddar vendu ici. Par rapport au Roquefort, je suis bien plus satisfait ! Il a presque le même piquant que du Roquefort ramené de Millau par mes chers voisins en France. Tartiné sur la baguette, c’est délicieux ! Là, Trader Joe’s a vu bon. Bref, le Roquefort vaut vraiment le coup ici, quand le Comté le vaut moins.

Quant au pain, la baguette coûte 2.– chez Trader Joe’s, pour un pain croustillant et somme toute bien cuit; c’est honnête. On ne trouvera pas de « baguette du patron » (pardon, « grand siècle« ) comme dans certaines boulangeries françaises en Amérique. Il y a une boulangerie / crêperie française qui propose des pains spéciaux à Fort Collins, je vais aller goûter chez eux ce que ça donne (leur site indique qu’ils sont Bretons et pour cette raison, ils font des crêpes; me feront-ils un kouign-amann ?).

Y’a que les montagnes qui n’se rencontrent pas

J’ai entendu cette citation (très populaire) tout récemment en écoutant Junior Falcone. Si vous étiez nés en 2001, vous avez dû l’entendre encore et encore sur les ondes cette année-là. Super, une idée de sous-titre ! Et comme il le dit si bien …. je suis allé à la montagne !

Ce week-end intitulé « Week-end in the mountains » (on ne peut plus clair comme titre) était proposé comme week-end d’intégration aux étudiants internationaux par le service des relations internationales de l’université. Je vais tenter de ne pas trop m’étendre dessus, car j’écris à chaud -je viens d’en rentrer. Récit !

Samedi matin, 30 septembre, c’est à sept heures du matin que le rendez-vous est fixé au service des relations internationales de CSU; tout le monde y est, à l’heure; le petit-déjeuner y est offert. Sont proposés bagels, pains de mie divers, confiture, Nutella, café, jus de fruits, et d’autres réjouissances sucrées; bref, un petit-déjeuner à l’européenne ! À huit heures, nous partons, pour arriver à dix heures trente sur le campus de montagne de CSU. Quand je dis montagne, c’est à 9’000 pieds soit 2’750 m que nous arrivons !

Le tableau posé dans le dortoir des hommes. Notez l’indication d’altitude, 9’053 ft !

Nous sommes accueillis dans un amphithéâtre sommaire situé en extérieur; le soleil étant là, il fait suffisamment chaud pour qu’un pull suffise, disons entre 5 et 10 degrés Celsius. Lourdement vêtu, je me défais de mon gros blouson, des gants et de l’écharpe que j’avais enfilés en sortant du bus en prévision. Ils serviront plus tard ! Le personnel de l’ISSS (services internationaux de l’université) qui nous accompagne se présente, ainsi que les étudiants « mentors culturels« . Ces étudiants avaient à leur charge un petit groupe de personnes et étaient supposés leur faire faire des activités. Il y avait 10 groupes, j’étais dans le dixième. Celui-ci était composé de scholars et leurs familles, et nous étions seulement quatre étudiants à en faire partie. Le fait est que nous quatre sommes aussi scholars du point de vue de l’université car nous n’obtenons pas de diplôme à l’issue de notre visite…

Onze heures, nous nous présentons chacun les uns aux autres dans le groupe. Deux fois, car il fallait faire passer le temps avant d’aller manger… On nous demande donc de raconter notre expérience, une chose qui nous a plu, que sais-je encore ! Puisque chacun évoque son pays d’origine, j’évoque mes régions « d’origine », à savoir Marseille, la Bretagne, et le pays de Vaud… Tout le monde a eu son clin d’oeil. N’ayant pas beaucoup pu profiter des randonnées en terres helvétiques, j’espère le faire ici aux USA !

Midi moins dix, c’est l’heure du déjeuner. Il y a une cantine d’altitude ! Nous y mangeons un repas copieux, composé me concernant de salade à composer soi-même, poulet sauce tomate, pâtes sauce tomate, brocolis (dont il faut demander une double portion pour avoir une vraie ration européenne), cookies. Bref, ça ne sort guère de l’ordinaire. Le cadre en revanche change ! Les montagnes autour du campus sont splendides. Une photo vaut mieux qu’un long discours.

Voyez la neige nous surplombant !

Au passage, lorsque j’ai pris cette photo, il a neigé trois flocons.

Treize heures, c’est l’activité de groupe -l’unique activité par ailleurs dans laquelle les groupes à numéros sont utilisés. Chacun est destinataire d’une petite fiche contenant un thème récurrent des séjours à l’étranger (la langue, les paysages, les coutumes, les transports, etc), ainsi que d’une autre contenant un nom ou un adjectif. Il faut combiner les deux et raconter son expérience. Me concernant, j’ai eu comme thème « Les relations amoureuses » et comme adjectif « silly » (idiot, stupide, imbécile). Le malaise… S’il y a bien un thème que j’aurais voulu esquiver, c’était celui-là. Je me défile et trouve autre chose à dire.

Quinze heures, c’est l’heure des « low ropes ». Là, les groupes sont différents : les animateurs ont avec eux un groupe…. de couleur. Comme dans le métro marseillais dit « bleu » ou « rouge » par les locaux, il y a les groupes « vert », « rouge », « bleu ». Nous aurions en principe dû faire de l’acrobranche à basse altitude. La pluie nous en a empêchés, alors c’est à l’intérieur que nous nous sommes réfugiés. J’étais dans le groupe « vert », avec cette fois plein d’étudiants de mon âge. C’est déjà plus réjouissant…

Nous construisons ensemble un piège à souris sur pilotis, à l’aide d’un crochet. Celui-ci est solidaire d’un anneau sur lequel sont attachées vingt cordelettes. Chaque membre du groupe tire le bout d’une cordelette, et le jeu des forces et des orientations fait que le crochet bouge, s’accroche aux éléments de construction, et les relâche. C’est donc un jeu de collaboration en groupe… Et pour conclure ce jeu, on a droit à un petit débrief -séance de psychologie…

Plus tard dans l’après-midi, suit le dîner à dix-huit heures (oui !), après quoi suit le « Cultural Talent Show » où de petits groupes de personnes du même pays présentent quelque chose (une danse, une musique, un talent). Parmi les choses présentées, les indiens ont très bien dansé -ils le referont le 15 octobre sur le campus et nous sommes invités-, un allemand magicien a avalé des marshmallows en flammes, deux néerlandais ont fait le show… Seul français présent, et seul locuteur de la langue de Molière, je n’ai rien présenté. Bien d’autres avaient assez de motivation pour que je n’y aille pas seul, le spectacle ayant été arrêté à un point horaire donné !

Ont suivi un feu de camp avec marshmallows, ainsi qu’une soirée dansante. Comme il pleuvait, et qu’il était dix heures du soir, j’ai préféré aller dormir.

Dimanche, six heures… Debout ! C’est l’heure de se lever si l’on veut pouvoir prendre le petit-déjeuner et partir en randonnée à 8 heures. Après une douche, je sors pour aller déjeuner et là…

Le lever du soleil, à 6 heures 50, se voyait dans les nuages !

Seuls les lève-tôt ont eu droit à ce spectacle; un étudiant l’a photographié à l’aide de son réflex, je pense que le résultat est meilleur que le mien.

Sept heures, je prends mon breakfast. Celui qui est proposé est composé d’oeufs durs, de bacon, de saucisses grillées, de pain de mie, de céréales (comme des Frosties), de salades de fruits pour qui veut, de gâteaux cuits servis dans de la crème… Je m’empiffre de ces derniers (ils sont vraiment bons !), prends un café, quelques fruits, un muffin, mais pas de saucisse ou d’oeufs durs. Je ne peux pas manger salé à une heure pareille ! Notez que l’on prépare aussi son pique-nique au petit-déjeuner qui n’est servi qu’entre sept heures moins le quart et huit heures. Pas question de traîner !

Partant marcher, je vais probablement avoir un creux à midi, et je prévois un bon pique-nique conséquent : trois sandwichs de pain de mie au jambon, cheddar, salade, tomate, oignons, une pomme, une banane, un paquet de chips, deux paquets de six gâteaux « Oreo » (ce sont comme des mini-BN avec le biscuit au chocolat). Pas d’inquiétude, il y avait assez à manger pour tout le monde !

Huit heures, c’est le départ de la randonnée. Je suis monté pour ça ! Alors, je m’équipe à la suisse, en manteau, pull, chaussures de randonnée, écharpe, gants, et c’est parti. Nous montons en altitude, et pouvons admirer sur notre chemin de magnifiques paysages. En voici quelques-uns.

Le chemin que nous avons suivi. Notez la diversité des couleurs, vert, jaune…
Au loin, les sommets enneigés…
Les bois, enneigés, pleins de poudreuse. Magnifique !
La rivière Cache La Poudre, à près de 3’000 mètres d’altitude…
Je suis arrivé ! Je sais, je n’ai pas mes gants sur la photo, je les ai enlevés pour sortir mon téléphone mobile.
Il neige à pleins flocons !
Cette pomme de pin éclate lorsque le feu l’atteint, et répand ses graines aux alentours. Cela permet à un autre pin de repousser par la suite lorsque le père a brûlé. Merci à Bob pour ce cours de sciences de la terre !

Eussions-nous emporté des skis, nous aurions presque pu nous en servir pour redescendre !

Nous rentrons vers onze heures trente, et à midi, il est prévu que nous aillions faire de l’acrobranche à plus haute altitude que celle que nous n’avons pas faite. Vu la neige qui tombait sur le campus, c’est annulé… Après le pique-nique (que chacun s’était préparé le matin), nous ne faisons donc plus qu’échanger entre étudiants… en attendant le bus du retour. C’est finalement à dix-huit heures que j’arrive chez moi.

Voilà pour le récit de ce week-end en altitude !

Tu peux préparer l’café noir….

… « tes nuits blanches et même ton mouchoir ! »

C’est Eddy Mitchell qui chante ça (je crois qu’à peu près tout le lectorat de ce blog le sait), mais il se trouve que cette citation est juste prise pour le café. Pas de tristesse ou de nuits blanches, pas encore ! (Ça viendra, ne vous inquiétez pas.)

Café, parce que c’est ce qui réunit une équipe de recherche. Dans l’équipe dont je fais partie, les cafés sont plus épisodiques qu’en France, mais durent plus longtemps; en effet, les doses servies par la cafétéria sont monstrueusement importantes (à part les expressos). Un « american » est un jus de chaussette faisant 33 cl (le volume d’une canette de Coca), servi brûlant ou glacé, donc qui prend une heure à boire. Il y a tout un tas d’autres cafés proposés mais qui sont aussi longs. Le seul qui soit vraiment court, c’est l’expresso -pour lequel on vous demande si vous voulez 1 ou 2 shots, ce qui m’a fait bondir la première fois que ça m’a été demandé. J’ai cru à de l’alcool !

Activez vos neurones…

C’est en trois mots le thème sur lequel je vais être amené à travailler. Plus précisément, je vais travailler sur la manière de mettre un modèle de neurones dans une puce électronique appelée FPGA (qui est une puce que vous pouvez configurer, à condition de savoir ce que vous faites).

Ne prenez pas peur, je ne vais pas concevoir un robot capable de surpasser l’homme ! Non, avec un tel dispositif, on peut plutôt détecter des tumeurs, reconnaître une plaque d’immatriculation sur un véhicule (donc introduire ce truc-là dans un radar automatique), ou d’autres tâches complexes comme ça pour un ordinateur, simples pour notre cerveau, mais précisément définies.

Désolé pour les radars automatiques, hélas vous savez bien que les chercheurs ne choisissent pas ce qui est fait du produit de leurs travaux…

En vélo, Simone !

J’avais peur qu’en prenant un vélo, je ne puisse pas me le faire reprendre. C’était sans compter sur ce vendeur de vélos qui, ayant l’habitude des étudiants qui passent à l’université, a fait son affaire de l’entretien de vélos usagés, ainsi que la vente de vélos neufs. Il vend des vélos d’occasion et reprend donc le vôtre s’il est en bon état. Je lui en achète donc un; promis, il reviendra en bon état -et passera peut-être de temps en temps pour des opérations comme le graissage de la chaîne ou le changement des freins.

C’est donc avec ce vélo que je me rendrai tous les jours sur le campus, pour un stationnement coûtant 0.– ! (Oui, le stationnement en voiture est payant à la fac, on n’est pas à Beaulieu ici avec son immense parking gratuit….)

Les pistes cyclables sont nombreuses dans Fort Collins, cependant tous les conducteurs ne jouent pas le jeu et ne vous laissent pas d’espace pour passer en serrant trop à droite, surtout aux feux lorsqu’ils souhaitent tourner à droite. Dans ce cas précis, sauf exception indiquée par « No turn on red« , ils ont le droit de tourner au feu rouge, à condition que personne ne vienne. Moi aussi, en vélo, et j’en profite !

Certains osent même le stationnement à la marseillaise, et je cible plus particulièrement les étudiants et leurs parents. Il se passe difficilement un jour sans que sur Plum Street, un véhicule soit stationné sur la piste cyclable pour que des jeunes gens y montent ou en descendent… Sur cette avenue, se trouve une résidence étudiante « de luxe » et des fraternités et sororités, où les étudiant/e/s sortent souvent, en tenue de soirée. Cela explique ces stationnements gênants sans les justifier pour autant !

La loi impose d’avoir des lumières sur son vélo. Je m’en suis équipé. Étant fréquemment amené à changer de voie (je respecte les voies aux feux, c’est-à-dire que je me place à gauche si je souhaite tourner à gauche), le rétroviseur est aussi un outil indispensable… et, naturellement, le casque ! La loi ne les prescrit pas, mais je me connais… n’est-ce pas Anaïs ?

Denver

Ce samedi, c’est accompagné de Giulia, une étudiante italienne, que je me suis rendu à Denver. Je l’ai rencontrée le jour de l’immigration à l’université; s’il fallait bien faire une chose en arrivant dans le Colorado, c’était aller à Denver. C’est donc chose faite, mais par un temps pluvieux !

Vous connaissez mes piètres talents de photographe; Giulia, elle, sait bien les faire ! C’est donc elle qui est à l’origine des photos qui vont suivre. Je l’en remercie encore ici.

Pour nous rendre à Denver, nous avons pris le bus dénommé « Bustang ». Au-delà de ce jeu de mots avec Mustang,  il faut savoir qu’il n’y a qu’un aller-retour quotidien le week-end. Il ne faut donc pas le louper ! Ce bus emprunte l’Interstate 25 (autoroute) qui est gratuite, contrairement à la route de l’aéroport E470. Cette gratuité se voit sur le trafic : l’A7 un jour de chassé-croisé, c’est du pipi de chat à côté de l’Interstate 25 en direction de Denver. Du coup, le bus a pris…. presque une heure de retard, nous sommes arrivés vers 14h20 à Denver centre au lieu de 13h30 !

Nous sommes allés manger dans un restaurant qui faisait des cheesecakes, mais le plat de résistance étant fort nourrissant, nous n’avons pas mangé de cheesecake…

Voyez la taille d’un « petit » plat…

Le restaurant proposait un rosé qui était plutôt bon, je trouve.

Nous avons ensuite sillonné le centre-ville de Denver, et nous sommes rendus dans un « mall » (centre commercial tant affectionné par les américains).

Le district financier de Denver vu du 20e étage d’un immeuble, où se trouve un bar, fermé pour cause de pluie.

Le jardin botanique de Denver, où nous nous sommes rendus, était partiellement fermé en raison de la présence d’un mariage sur les lieux. S’il est vrai que c’est un chic lieu pour un mariage, en France, il me semble que ce genre de choses est assez peu commun… Ceux qui se marieront / se sont mariés en ville me diront si j’ai tort.

Une plante que nous ne connaissions pas au jardin botanique de Denver.

Et comment ne pas finir sans un petit cocktail ? Par le temps qu’il faisait et la pluie qui s’intensifiait, nous ne pouvions guère faire de choses en extérieur -d’autant plus que nous partagions un seul parapluie à deux.

C’est dans un bar très cozy que Giulia m’avait recommandé (en fait, nous devions aller à celui du 20e étage, mais il était fermé, donc nous sommes restés au rez-de-chaussée) que nous avons bu un délicieux cocktail dont le nom m’échappe.

À bar chic, gens chics !

C’est vers 19h15 que le bus nous a pris pour remonter à Fort Collins. Nous sommes arrivés sous la pluie à 21h15, reprenant nos vélos jusqu’à nos domiciles respectifs… L’espace d’un instant, je me serais cru en Bretagne !

SBB CFF FFS

Cet acronyme est celui des chemins de fer suisses. Oui, amis helvètes, je ne vous oublie pas ! Pour votre gouverne, cela signifie Schweizerische Bundesbahnen (SBB) en allemand,  Chemins de Fer Fédéraux (CFF) en français, et Ferrovie Federali Svizzere (FFS) en italien. Il n’y a pas de version romanche, du fait que le canton des Grisons -le seul à partiellement parler romanche- est desservi par d’autres compagnies ferroviaires que les CFF.

Je vous disais que les trains sont longs ici. J’ai pu en filmer un, l’un des plus courts que j’ai pu apercevoir, circuler en ville. Je vous laisse voir, en accéléré trois fois, la longueur et le temps que met ce train à circuler en ville, ainsi que le raffût qu’il fait…

Lorsque vous souhaitez passer et que vous entendez le klaxon du train, prenez votre mal en patience… Quoique, celui-là a mis à peine une minute trente à passer, mais d’autres prennent quatre à cinq minutes.

Du mou !

Que le dernier grimpeur venu me jette la pierre. L’université est dotée d’un mur d’escalade ainsi que d’un pan de bloc. Si elles ne sont pas immenses, ces installations permettent déjà de pratiquer le sport à qui adhère à « l’association sportive » de l’université. Cette adhésion, lorsque prise à l’année, coûte USD 324.–, pour pouvoir venir aux heures de pointe (entre 16h et 22h, soit après les cours, comme en France on va au sport après l’école / le travail). C’est légèrement moins cher si vous prenez un abonnement restreint aux heures creuses, mais cela signifie que vous devez partir tôt du bureau ou vous lever aux aurores pour faire du sport. Vous pouvez adhérer à l’AS au mois également, pour la modique somme de USD 42.–,  ou USD 37.– si vous venez aux heures creuses.

Il y a des sorties dans les Rocheuses, je pense qu’elles valent vraiment le coup. Lorsque je trouverai une place dans une sortie non encore totalement réservée (car ça va vite !), j’irai !

L’adhésion vous donne accès à tous les sports, hors sorties que vous payez à part. Mais… que font les étudiants comme sport ? L’escalade, peu en font. Une immense salle est dédiée au fitness, au vélo d’appartement, et ça fait un tabac ici ! Étudiantes comme étudiants, thésard/e/s, post-docs, et même profs, s’y trouvent. Pour ceux qui comme moi n’aiment pas le sport sur tapis roulant ou en vélo immobile, vous pouvez faire du rugby ou du foot américain. Je crains que ma faible corpulence soit un obstacle à ces deux sports !

Vous pouvez aussi faire du vélo hors de la ville si vous avez un VTT, mais il faut faire attention aux serpents, que l’on rencontre fréquemment. Je me contenterai de rouler en ville, n’ayant pas un VTT. Je n’irai pas m’aventurer sur route ici, vu les distances entre les villes (et sans chambre à air de rechange, si je crève, je suis mal….), et vu les vitesses pratiquées hors des villes.

Modulation d’amplitude

Perdu, je ne parle pas de radio ici. Je n’en ai pas encore à l’heure où je vous écris. Il est vrai que la radio en modulation d’amplitude a son charme auditif, avec ses craquements et sa faible bande passante par canal, d’où une voix qui zeuzeute un peu, ressemble à une voix entendue au téléphone. J’espère qu’il s’en trouve ici, que la FM n’a pas pris l’exclusivité !

Non, je voulais parler d’amplitude thermique. Ceux qui sont en Bretagne ne connaissent pas, il y fait 15 degrés toute l’année ! Ici, dans le Colorado, il fait quelque chose comme 5 degrés à mon réveil, entre 5 et 6 heures du matin. À midi, on plafonne à 35 degrés au soleil, et l’on brûle en se mettant dehors pour boire le café ! Le problème avec cette amplitude thermique est que vous ne savez pas comment vous habiller : en T-shirt, j’ai trop froid le matin, donc je mets une petite laine ou un pull, mais je dois le retirer à 10 heures car il fait trop chaud, et le renfiler à 17 heures en rentrant chez moi (ou plutôt en en ressortant car les journées se finissent tôt ici).

Nous verrons en hiver comment les choses évoluent, mais des Coloradiens soutiennent que l’amplitude thermique fait du bien car les hivers sont rudes.

Point technique

Merci à tou/te/s ce/lles/ux qui ont pris la peine (ou le plaisir, sait-on jamais) de me lire jusqu’ici ! Comme je commence à entrer dans une phase de steady state (autrement dit, la routine commence à s’installer), il faut vous attendre à ce que j’écrive moins régulièrement ici. En effet, les jours vont commencer à se suivre et se ressembler… Heureusement, les week-ends seront occupés et remplis d’activités diverses et variées !