Ah, je vous sens arriver, en écrivant ça, tellement le sous-entendu est important dans cette question. Moi, draguer ? Surtout pas… Non, je ne drague pas ici, je ne sais déjà pas faire en France en langue française, alors ce n’est pas ici que je vais apprendre, dans une langue que je ne parle pas fluidement. En revanche, je sors beaucoup… et il n’y a pas besoin de sortir tard le soir aux US pour qu’on vous parle de soirée; à partir de cinq heures de l’après-midi, vous pouvez dire « tonight ».
Lorsque les journées sont finies, il faut donc occuper les soirées. Certaines choses sont récurrentes -il faut de temps en temps remplir les placards…- mais d’autres bien plus événementielles. En voici quelques exemples.
Et le rideau sur l’écran est tombé
Vous décelez l’amateur de variétés françaises qui a beaucoup écouté Eddy Mitchell et sa chanson « La dernière séance ». Nagui y est pour quelque chose, au passage… Oui, le cinéma est une activité très appréciée des Américains. Les salles ne sont pas combles pour autant, bien que chaque mardi, vous puissiez bénéficier de tarifs réduits dans certains cinémas de Fort Collins. Avec certains autres membres de mon équipe de recherche, nous y sommes allés deux fois en quinze jours d’intervalle. La première, pour voir « It » (Ça) -un film d’horreur-, la seconde, pour voir « Blade Runner 2049 ».
Bon, je ne vais pas vous mentir, le cinéma aux USA, c’est comme le cinéma en France. Une demi-heure de pub avant le film, des gens mangeant du popcorn ou sirotant une boisson… je comprends mieux que jamais ici pourquoi je ne fréquente pas les salles de l’Hexagone.
Mais précisons un peu. C’est comme chez nous, vraiment? Déjà, les films sont en anglais non sous-titré (ce qui est normal dans un pays anglo-saxon), mais je reconnais que certaines voix amplifiées par des haut-parleurs surpuissants sont parfois très difficiles à comprendre. Dans « It », le coeur de l’aventure est joué par des enfants, qui parlent si vite que je ne comprenais qu’un mot sur deux… Aussi, une autre différence réside dans ce qui vous est proposé à manger. En France, vous avez du pop-corn, et c’est tout. Ici, bon sang, mais quel choix ! De burgers (aux haricots rouges) à poulet frit, c’est tout un pan de fast-foods qui vous sont proposés lorsque vous commandez. Et on vous sert à votre place, s’il vous plaît !
Les fauteuils de cinéma américains sont si larges que vous divisez la capacité d’une salle française par deux, à surface équivalente. Aussi, vous disposez d’un repose-pieds dépliable sur chaque siège, qui vous permet de regarder le film en position semi-allongée. Comme sur votre canapé !
Homecoming week ?
Cette semaine, les anciens de l’université étaient de retour. J’ai l’impression que ni en France, ni à l’EPFL, ce genre de choses ne se fait… Des activités sont proposées tout au long de la semaine aux anciens élèves comme aux actuels, et bien entendu aux chers parents qui viennent -parfois de loin- rendre visite à leur progéniture qui travaille ou a travaillé dur ici.
Pendant la semaine, les activités étaient sportives, avec du volley, du football français, du football américain (hier, samedi), mais aussi dînatoires, festives avec un spectacle humoristique donné vendredi. Je ne vais pas vous dresser la liste complète des festivités proposées, mais il y avait de quoi faire. D’ailleurs, nous sommes dimanche 15 octobre, et ce soir, les étudiants Indiens proposent l' »India Nite »; ce sera l’occasion de voir d’autres traditions -que certains ici connaissent bien mieux que moi !! Il y aura des performances artistiques, et culinaires également.
Une tradition chez les Américains, c’est de défiler. J’ai pu voir deux défilés : l’un vendredi, l’autre samedi. Le premier d’entre eux était le fait d’associations et organisations diverses et variées, comme les clubs sportifs, les fraternités et sororités, la police, les Républicains, la bière sponsor de l’événement ou encore les cavaliers. Le second était plus formel : il s’agissait de la fanfare de l’université. Et quelle fanfare ! Quand l’ENS Rennes se bat, franc après franc, pour obtenir un soubassophone, l’université dispose de dizaines d’entre eux… De très belles filles jouent les porte-drapeaux et les musiciens jouent, ma foi, fort bien. Ce fut un plaisir que d’assister à ces défilés; c’est une fierté pour les Américains que d’avoir fréquenté une université, et ils le font savoir !
Mesdames et messieurs, la fanfare de CSU !
Brassage
Une activité plus classiquement appréciée des français est le bistrot. Après le travail, une petite bière n’a jamais tué personne, quoique ici, on craint que ça ne soit le cas si vous n’avez pas 21 ans. En France, si vous avez l’air d’avoir 18 ans (voire 16), on vous sert votre bière sans rechigner. Je n’ai d’ailleurs pas souvenir d’avoir été embêté en terrasse en commandant une bière en France… Ici, vous devez avoir l’air d’avoir 50 ans pour qu’on ne vous contrôle pas. Je suis sérieux : des écriteaux le mentionnent explicitement !
Il est donc de bon ton d’avoir sur soi une carte d’identité américaine, facile à lire, écrite en anglais. Celle-ci est constituée par mon permis de conduire. L’État du Colorado refuse de donner une carte d’identité à quiconque dispose d’un permis de conduire, et réciproquement. Vous avez ou l’un, ou l’autre. À savoir que depuis 2014, ces papiers peuvent être obtenus par une personne présente illégalement sur le territoire du Colorado. Pour cette raison, en tant que nonimmigrant au Colorado, je n’ai pas le droit à un permis dit « Real ID ». J’ai le même permis que quelqu’un illégalement présent sur le territoire, floqué de la mention « Not valid for federal identification purposes ». Contrairement à d’autres États, mon permis ne constitue pas une justification de ma présence régulière sur le territoire américain, et je dois donc garder mes papiers français en permanence sur moi.
Revenons au bar. Ou plutôt, à la brasserie. Car oui, les brasseurs vendent directement leur bière, et vous pouvez même aller visiter l’espace où sont fabriquées les bières ! Les deux brasseurs majeurs de Fort Collins sont le New Belgium et Odell’s. J’ai essayé les deux, et ai passé un bon moment à chaque brasserie. D’ailleurs, à Odell’s, assis à une table, j’ai été rejoint par des américains fort sympathiques, connaissant la France; et monsieur était concessionnaire automobile… J’ai donc sa carte, je n’attends que le salaire de l’université pour lui rendre visite !
Une chose particulière dans les brasseries est que vous pouvez essayer les bières. Vous commandez un « flight » (vol), et l’on vous sert une petite quantité de chaque. Décision prise, vous commandez une pinte de celle qui vous plaît ! Il n’y a pas de demis ici, la plus petite taille est la pinte. Et les volumes sont exprimés en onces fluides : vingt onces fluides constituent un demi-litre, attention à ne pas avoir les yeux plus gros que le foie en prenant davantage !
Dans les brasseries, bondées le week-end, sont parfois proposés des petits concerts par des groupes de rock locaux. Le jour où je suis allé au Odell’s, c’était un groupe de Denver qui se produisait. Le rock local est très agréable à écouter !

Où est Charlie ?
Si vous ignoriez encore mon goût pour cette substance, apprenez-le là. Elle est légale, de couleur marron à noire, a un goût parfois sucré, parfois amer, se marie bien au café, fait de bons desserts… oui, Charlie est à la chocolaterie ! Il n’est pas aussi dur à trouver que le Charlie que vous cherchez dans les albums auxquels mon titre faisait référence.
Il y a un endroit dans Fort Collins, nommé The Chocolate Cafe, où l’on vous sert quasi-exclusivement des desserts chocolatés. Il y a quelques salades et bruschettas, mais une sélection vraiment réduite. Et puis, à boire, on vous propose des Martinis… au chocolat !
Nous sommes allés -trois thésards de l’équipe et votre serviteur- à cette fabrique à desserts. Et nous nous sommes régalés d’un plateau partagé composé de multiples desserts, chacun plus goûteux que l’autre ! Ce fut un régal, je vous recommande fortement si vous passez par Fort Collins de vous rendre à cet établissement. Pour vous donner envie, voici le plateau auquel nous avons eu droit.

Dans la même veine, à Fort Collins, on trouve de nombreux restaurants spécialisés : thaï, indien, chinois sont certes de la partie, mais il y a aussi des spécialistes du barbecue et du steak. L’un d’entre eux se trouve à côté de chez moi, et je peux vous dire que les quantités que l’on vous y sert permettent de manger à deux !
Football
Ce dimanche, c’était jour de foot. Depuis quatre semaines, une personne que j’ai rencontré à la cantine de l’université -Rachel- me propose d’aller jouer au foot français. Oui, parce que je suis français, je dois savoir jouer… Bon, je lui ai expliqué que mes talents de footballeur étaient équivalents à ceux d’un manchot, mais qu’à cela ne tienne, on joue pour le plaisir. Quatre semaines durant, les matchs ont été annulés; la faute à la météo. Et ce dimanche, enfin ! Il y a eu match.
Les matchs se déroulent à Loveland (CO), une ville au sud de Fort Collins. Le terrain est ce qu’il est : de la vraie herbe, un terrain pas tout à fait plan, pas de vestiaire, pas de douche. Juste un parking, un terrain, deux cages de but. On apporte donc ses ballons, un arbitre vient, on s’échauffe, on tire dans les cages. C’est classique… Et le match commence. Comme certains joueurs, les deux nouveaux venus, mon collègue italien et moi-même, ne sommes pas envoyés de suite dans le match (il y avait déjà onze joueurs par équipe). Au bénéfice de changements, certains pourront aller jouer.
Quatorzième minute, mon équipe encaisse un but. Quinzième minute, une faute est commise par un joueur de mon équipe, proche du gardien adverse. Ce n’était jamais qu’un mauvais tacle. Le gardien, alors saisi du ballon, râle contre le fautif qui n’a pas été vu et jette le ballon à terre. L’arbitre, voyant le geste, siffle contre le gardien et lui adresse directement un carton rouge. Une protestation éclate, une fille de mon équipe quitte le terrain en sanglots (j’ai appris après coup que son frère était le gardien en question). Le match s’arrête là, les équipes et arbitres quittent le terrain. Si je vous avais dit que ce match s’était déroulé à Marseille, vous m’auriez cru ? Voilà le bel esprit footballistique à l’européenne. Mais il est là, aussi, aux USA…
Et voilà donc le match terminé… et je n’ai pas mis un pied sur le terrain ! Rachel convainc certains de rester pour que ceux qui n’ont pas joué puissent toucher le ballon. Nous faisons donc un match plus amical, interne à l’équipe, sur une moitié de terrain. Ça me suffit, je n’en demande pas plus ! Surtout si c’est pour briller comme j’ai brillé, avec mes passes aux adversaires (au sein d’une même équipe, tout le monde a la même couleur de maillot), et contrôles ratés. Je n’ai jamais joué en club, c’est donc excusable… mais j’y ai pris du plaisir. Et j’ai inventé le contrôle du nez ! En effet, alors que je tentais de frapper de la tête, j’ai raté ma frappe et c’est mon énorme nez qui a absorbé le choc du ballon, le renvoyant en l’air, dévié. N’empêche-t-il que le ballon a quand même été reçu par le destinataire de la passe !
Treize heures trente, nous rentrons à Fort Collins. C’est l’occasion d’admirer les Montagnes Rocheuses que nous voyons fort bien depuis la route sur laquelle nous circulons. Depuis le terrain, on les voyait aussi, enneigées…

Voilà, vous pouvez constater que malgré la routine qui s’installe, il y a encore fort à vous raconter !
Hello Corentin,
Eh bien tes semaines sont bien occupées entre ton travail et tes petites sorties ! Tant mieux ,tu as raison de « tester » toutes ces choses et particulièrement le chocolat …..Pour le foot, c’est une autre histoire , c’est dommage que ce n’était pas de l’escalade car là , tu n’aurais pas démérité et pas de problème pour ton nez! Je plaisante..Bonne continuation et merci pour tes reportages qui sont très agréables à lire.Gros bisous
A Marseille le match aurait fini en bagarre et la je t’aurai cru ! Tu as l air de bien t’amuser c’est cool ! Quand tu viendras on fera un petit entraînement de foot et je te prêterai un maillot de l om pour que tu puisses leur expliquer un peu 😉
Amuse toi bien ce weekend et prends des photos ! Bisouus