Internet

Pour une fois, il n’est pas question de grands espaces ou de sorties… mais de boulot. Eh oui, ça m’arrive !

Je pense pouvoir dire que je suis un spécialiste d’Internet; j’ai touché plus ou moins à tout ce qui permet de le faire fonctionner. DNS, IPv4, IPv6, Ethernet, Wireguard, IPsec, nftables, routage, BGP, 802.11, DHCP, SSL, Apache, Nginx… Tout ça, je sais faire. Alors, qui va m’apprendre qu’Internet est un gros piège ?

C’est un peu là que réside le paradoxe. Internet est un monstre technologique qui fut si compliqué à construire que ses inventeurs ont de quoi en être fiers. Dans le même temps, il a commencé à envahir nos vies de manière significative. D’abord, avec le Web, puis maintenant avec les objets connectés en tous genres aujourd’hui, de la montre à la station météo en passant par le QR code sanitaire. Monstre technologique devenu aussi monstre légal, puisque s’y sont développées toutes activités notamment commerciales, qu’il faut encadrer.

Ainsi donc ce monstre qui envahit nos vies, envahit notre temps, y compris celui de travail. Lorsqu’on est informaticien, on travaille sur son PC, on reçoit des e-mails toute la journée, on écrit du code dont la documentation est disponible sur le Web. Il est quasiment indispensable d’avoir un navigateur Web ouvert toute la journée. Aïe ! C’est là que ça fait mal. Car un navigateur est aussi bien un outil de travail qu’un outil de loisirs… et il faut savoir résister à la tentation de la distraction.

L’humain fonctionne à la dopamine : le cerveau veut naturellement aller chercher ce qui lui donne la récompense la plus immédiate. En ce qui me concerne, c’est l’information qui lui en donne le plus : apprendre des choses que je ne savais pas avant. Pas nécessairement sur mon sujet de thèse, d’ailleurs ! Et c’est bien là le problème. Car, apprendre que le nouveau CPU Intel consomme trois watts de moins à performance égale, c’est bien… mais ça ne va pas me servir beaucoup. Et puis d’avoir une bulle apparaissant, disant que les feux de forêt font rage en France, c’est pareil, ça ne me servira guère à écrire mon manuscrit. Encore pire si je clique dessus pour savoir où cela brûle.

Le fait de pouvoir rapidement répondre aux e-mails en les voyant dès leur arrivée, d’avoir sous le coude toute la documentation sans effort, emporte avec lui toutes ces distractions qui finalement font plus de mal qu’autre chose à ma concentration dans la journée.

Ainsi, le spécialiste d’Internet que je suis, et peut-être un jour docteur, a une prescription à vous faire lorsque vous travaillez:

ip link set group 0 down # Pour se préserver d'Internet...

Et puis de temps en temps (après 2 heures de concentration), le réactiver pour lire le courrier entrant, y répondre, aller faire pipi, et recommencer.

Voilà, bon travail !

De retour…

Bonjour à tous,

Deux ans que rien n’a été écrit ici. Long, n’est-ce pas ? Oui, il est assez difficile de me motiver pour écrire lorsque ce n’est pas mon activité principale. En fait, pour ne rien vous cacher, j’ai des brouillons d’articles pour ce blog qu’il faut terminer depuis… eh bien, deux ans. Aurais-je encore les souvenirs, si je venais à les reprendre ?

Incertitudes…

Allez, passons donc à la troisième saison de mes séjours aux States. Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’elle s’est faite attendre, je me demandais même si elle allait arriver ! Un jour oui, un jour non, le lendemain on ne sait plus…

Pour résumer simplement à ceux qui ont manqué les épisodes qui se sont déroulés pendant ces deux années, j’ai après mon stage de M2 commencé une thèse avec les mêmes encadrants (c’est le « standard » en sortie de l’ENS, le cursus « idéal » de leur point de vue). Thèse particulière puisque c’est une co-tutelle internationale entre Colorado State University, à Fort Collins, et l’université de Rennes 1, à Rennes. Cette thèse se déroule à moitié ici, à moitié là-bas; j’aurais donc dû alterner les lieux, 1 an par ci, 1 an par là.

Cela voulait dire : 2019/20 à Rennes, 2020/21 à Fort Collins, 2021/22 à Rennes, 2022/23 à Fort Collins, et soutenance là-bas. Et vous savez ce qui s’est passé entre temps ? Non ? Vraiment ? Alors voici de quoi vous rafraîchir la mémoire.

Pour la petite histoire, le week-end qui précédait cette annonce, je passais le TOEFL pour satisfaire à la demande de CSU qui exigeait un score minimum. Et c’est le samedi 14 mars 2020 au soir que, en rentrant d’un bar avec des amis, ceux qui m’accueillaient me firent savoir que les bars fermaient. Le début de la fin qui s’annonçait…

… et turpitudes.

Bien des choses se sont passées depuis, et de péripéties en péripéties, nous voilà donc au 15 août 2021. Ce jour-là, c’est de nouveau le grand départ, masqué et vacciné (à mon corps défendant, tant j’ai horreur des piqûres). C’est donc ma sœur, chez qui j’ai passé la nuit, qui m’accompagne à l’aéroport de Marignane, d’où je m’envole pour Munich. Le départ se fait à 7 heures du matin, et je ne suis pas contrôlé au départ, que ce soit pour le passeport (normal me direz-vous, c’est un vol domestique car intra-Schengen, et pourtant !), ou pour le test Covid ou passeport vaccinal. Rien ! Ce n’est qu’à l’arrivée à Munich que la Polizei allemande attend les passagers de mon vol et eux demandent les « sésames sanitaires ». Idem pour le contrôle frontière de sortie de la zone Schengen… sauf pour ceux qui passent par les automates, incapables de demander ces documents !

Le second vol, Munich-Denver, est… long. Premier truc, le repas. Papa, Max, vous auriez adoré le menu : des pâtes sauce tomate avec un écrasé (ou plutôt une bouillie) d’aubergines. Pourquoi cuire autant ces légumes ? Ils perdent ainsi toute leur saveur ! Ensuite, le sommeil, primordial sur un vol aussi long. Je ne dors pas en journée, donc impossible d’avoir plus qu’un sommeil très léger, d’autant plus que les hublots sont pour la plupart restés ouverts, et qu’un enfant auquel je ne donnerais pas trois ans est pris de crises, dans la rangée juste devant moi. Je me doutais que j’arriverais fatigué, ça n’a pas loupé. Ajoutez à cela que j’étais trop chargé (un bagage cabine, mon sac à dos, et la valise, plus la veste que je portais sur moi), et eus du mal à tout porter à l’arrivée à Denver. Fatigue + surcharge + transpiration + anxiété (parce que m’attend un contrôle, je ne peux rien contre hélas) = le cocktail parfait pour une inspection plus poussée par la douane US… je m’en doutais, et j’ai eu l’infinie chance d’être retenu. Une chance, je n’ai pas eu à vider toute ma valise comme certains le faisaient dans la zone dite « secondary inspection ».

Le premier effet visible du Covid aux USA est dès l’aéroport. Pour se rendre à Fort Collins, il n’y a quasiment plus rien ! Le « Green Ride » ne passe quasiment plus (en arrivant à 14h, il n’y a pas de navettes avant 22h30); l’autre navette, nouvelle, appelée « FAST » (Fly Away) passe en théorie plus souvent, mais la mienne est passée avec une heure de retard. En plus, elle ne me mena pas directement à l’hébergement « Air BNB » que j’avais réservé, mais à un pôle d’échanges au sud de Fort Collins… et il fallut prendre un taxi. Je vous épargne des détails, mais j’ai été remboursé du premier trajet, et le chauffeur du taxi finit par me repérer sur le parking, ignorant la boîte vocale du service taxi qui ne fit que des gaffes ce jour-là…

Bref, me voilà revenu à Fort Collins !

Qu’est devenue cette ville ?

Lundi 16 août signe le retour à CSU. J’ai une tonne de démarches à accomplir, à commencer par obtenir un téléphone local -sans quoi je ne peux pas remplir le formulaire de nouvel emploi- et finir les démarches avec la graduate school pour qu’enfin, elle accepte les diplômes qu’elle me réclame avec insistance depuis des mois. J’ai tout réglé en l’espace de deux jours…

Mais le plus surprenant, c’est le soir pour manger en ville. Mettez-vous dans le contexte : nous sommes au cœur du « move-in week », la semaine où les étudiants emménagent dans leurs nouveaux appartements. Les bars sont habituellement bondés à cette saison, surtout que papa-maman sont là pour installer fiston, venus de l’autre bout du Colorado avec leur gros pickup, voire de plus loin aux USA, et goûtent donc à la spécialité locale, la bière. Et cette année ? Terrible, tout est désert… Seulement entre 30% et 50% des tables (au doigt mouillé) sont occupées ! Et les bars manquent cruellement de personnel. Nombreux sont ceux qui affichent « Hiring » (« On recrute »)…

De la même manière, le service local de bus « Transfort » recrute aussi et l’affiche sur ses bus. CSU a, paraît-il, perdu 10% de son personnel. Les navettes aéroport « Green Ride » (maintenant « Groome ») ont dû licencier aussi, puisque personne ne prenait l’avion. King Soopers est lui toujours là (pour un supermarché, quoi de plus normal) et a souffert d’un autre drame – à Boulder, en mars 2021, un assaillant ouvrit le feu dans un magasin de la chaîne, tuant 10 personnes et en blessant une autre.

Dans ce contexte, quand on repense aux aides de l’État en France, on se dit qu’elles ont du bon – maintenir à flot les boîtes en payant les salariés réellement inactifs, ça permet de repartir avec une société finalement peu changée de celle au moment où les aides ont commencé. Et l’absence d’aides a des conséquences concrètes sur la vie de chacun (la difficulté de se déplacer, les restaurants et boutiques non-alimentaires en manque de personnel…).  Pour ouvrir une ligne de téléphone, il me fallut attendre près de 35 minutes dans chacune des deux boutiques que je visitai (T-Mobile, puis AT&T). Insupportable pour un Américain, mais le Français que je suis se dit que pour obtenir une Freebox ou Livebox, il faut patienter à peu près ce temps…

Des règles sanitaires au Colorado

Vous n’êtes pas sans savoir que le coronavirus originalement apparu à Wuhan a muté depuis en de nombreux endroits, et se sont créés des variants. Celui du moment est dit « delta » (pour que ne soient stigmatisés ceux dont l’origine est celle du variant, l’OMS utilise désormais des lettres grecques).

À la lumière de ce nouveau variant, le CDC (le centre américain des maladies infectieuses) s’est rendu compte que, vacciné ou pas, lorsque vous êtes infecté, vous transmettez toujours le virus à vos voisins en quantité suffisante pour l’infecter à son tour. Aussi, le CDC recommande donc aux personnes vaccinées de porter le masque en tous lieux clos, contrairement à d’autres pays qui au contraire relâchent les restrictions sur le mode de vie pour les vaccinés afin de pousser le reste de la population à se faire vacciner.

Les conséquences des recommandations du CDC sont visibles en premier lieu à CSU, où l’on cumule obligation vaccinale et port du masque obligatoire en intérieur. Ensuite, les commerces font ce qu’ils veulent : King Soopers recommande seulement le port du masque aux vaccinés, et l’impose en théorie aux non-vaccinés.

Il n’y a pas de « passe sanitaire » aux États-Unis, ni dans le Colorado; cela n’empêche pas le comté de Larimer d’avoir en ce moment un taux de vaccination proche de celui de la France, à savoir 70% de primo-vaccinés pour 60% de deuxio-vaccinés.

Hospitalité

J’avais presque oublié ce mot et pourtant, Dieu sait s’il est caractéristique de Fort Collins. Dimanche soir, m’ont accueilli Michael et Fabiola, lui Américain et elle Mexicaine. Exténué par le voyage, je comptais pourtant aller à King Soopers pour acheter à manger, au moins pour le petit-déjeuner, et aller en ville pour manger le soir. Que nenni ! Fabiola me prépara un steak accompagné de petits légumes (du jardin, je vous prie) ainsi qu’une salade de fruits. Le lendemain matin, au petit déjeuner, on me proposa du fromage de chèvre sur du pain, et du café – beaucoup de café.

Michael avait plusieurs VTT en prêt pour ses hôtes, et m’en vendit même un. Me voici donc équipé pour affronter la neige et les montagnes – reste encore à trouver l’appartement et la colocation avec mon collègue grenoblois; je vais pour l’instant de location temporaire en location temporaire, et si nous ne trouvons chaussure à notre pied, je louerai une chambre seul !

Allez, la suite au prochain billet – j’ai de quoi écrire sur ma première (pré-)rentrée en tant qu’étudiant de CSU, pour de vrai cette fois !